Abou Simbel
Les temples d’Abou Simbel, situés à 320 km d’Assouan, au coeur de la Nubie, sont les monuments les plus grandioses édifiés pour glorifier un pharaon prestigieux : Ramsès II.
Levée à 4 heures du matin pour faire le trajet en car, nous nous arrêtons pour déjeuner et regarder le levé du soleil sur le desert Égyptien.
Construits sur la rive occidentale du Nil, ces temples rupestres ont été creusés dans deux collines de grès faisant face au Nil. Ce lieu, où l’on vénérait depuis très longtemps la déesse Hathor, ne fut pas choisi au hasard. En effet, c’est à cet endroit, qu’à chaque Nouvel-An, la crue du Nil, venue du cœur de l’Afrique, pénétrait en Nubie égyptienne. C’est donc là que Ramsès II décida d’édifier un sanctuaire destiné à démonter le rôle actif du souverain dans les grands cycles naturels. C’est de ce rôle cultuel du pharaon, interlocuteur privilégié entre les dieux et les hommes, que dépendait la survie de tout un peuple.
Ramsès décida d’associer la grande épouse royale Néfertari dans le mythe du retour des eaux porteuses d’abondance. Elle personnifiait l’étoile Sothis (Sirius), dont le lever héliaque annonçait le retour de l’inondation et le Nouvel-An égyptien. Néfertari devint donc la partenaire rituelle de son époux, Ramsès II, qui s’identifiait au soleil victorieux des ténèbres. Le couple royal incarnait ainsi les principes divins porteurs de la prospérité des Deux-Terres.
Le grand temple, entièrement creusé dans la falaise de grès appelée Méha, est dédié non seulement aux trois principaux dieux de l’époque ramesside, Rê-Horakhty, Amon-Rê et Ptah, mais aussi et surtout, à Ramsès II divinisé.

 La façade, haute de 33 mètres et large de 38 mètres présente quatre statues colossales de 20 mètres de haut faisant face au soleil levant et tenant lieu de pylône. Elles représentent Ramsès II dont l’étrange et envoûtante majesté imposent toujours le respect et l’admiration. Aux pieds du souverain, de petites statues figurent l’épouse royale Néfertari, la mère du roi et quelques-uns de ses enfants. Au dessus de la porte, une niche abrite l’image de Ramsès sous les traits de Rê-Horakthy dominé par le disque solaire. Pour que personne ne s’y méprenne, la statue s’appuie sur un sceptre ouser et sur une statuette de Maât ; l’ensemble se lit alors « Ouser-Maât-Rê », cryptographie du prénom de couronnement du souverain. Enfin, au sommet de la façade, limitant le trapèze en forme de pylône, une corniche sculptée était dominée par vingt-trois statues de cynocéphales dans l’attitude d’adoration du soleil.

Deux ans après son inauguration, soit en l’an 31 du règne de Ramsès II, un tremblement de terre endommagea le temple et le colosse au sud de l’entrée se brisa. Des restaurations furent exécutées mais la statue ne fut jamais reconstruite.
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Passé la porte d’entrée, une salle-cour de 18 mètres de profondeur est décorée de huit piliers osiriaques représentant le souverain. Les parois de cette salle sont ornées de scènes faisant allusion aux exploits guerriers de Ramsès, notamment de la célèbre bataille de Qadesh, qui mit un terme à la campagne du pharaon contre les Hittites, en l’an V de son règne. Cette pièce donne accès à la salle hypostyle qui contient quatre piliers ornés de scènes faisant allusion aux offrandes du roi à diverses formes divines. Sur les parois, Ramsès, accompagné de la grande épouse royale Néfertari, accueillent la barque sacrée d’Amon-Rê.
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Le temple de la reine fut construit à 135 mètres au nord du grand temple dans la falaise nommée Ibshek.
 Six statues colossales hautes de dix mètres furent intégrées dans la façade. Chacune d’elles sont séparées par d’importants contreforts ornés de profondes inscriptions hiéroglyphiques. La grande épouse royale y est représentée dans le rôle de Sothis. Elle est encadrée de part et d’autre, de colosses figurant le souverain assimilé à différentes divinités en relation avec la crue du Nil. Comme pour le grand temple, les statues sont accompagnées de représentations plus petites des enfants royaux.
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Vue panoramique du site

 Le sauvetage des monuments

Après le long règne de Ramsès II, les temples d’Abou Simbel tombèrent peu à peu dans l’oubli. Ils ne firent réellement reparler d’eux que lorsqu’ils furent menacés d’engloutissement par les eaux du lac Nasser lors de la construction du Haut-Barrage d’Assouan.

Plusieurs projets furent envisagés. Finalement, on opta pour le découpage en morceaux et le remontage du temple sur une plate-forme située 65 mètres plus haut sur la falaise. D’énormes moyens humains, matériel et financiers furent engagés pour sauver ces deux chefs-d’œuvre sous la supervision de l’Unesco.

On scia les monuments en mille trente-six blocs pesant en moyenne une trentaine de tonnes chacun, auxquels il faut aussi ajouter les mille cent douze blocs découpés dans la roche autour des temples. Le premier élément de ce gigantesque puzzle fut hissé le 21 mai 1965 : le temps pressait car l’eau montait inexorablement. Une digue dut même être construite pour protéger le chantier. Deux énormes coupoles de béton armé furent construites pour absorber les pressions de la montagne. Sans elles, les monuments auraient été réduits en miettes. Le tout fut soigneusement reconstitué et les deux falaises artificielles abritent aujourd’hui les temples qui conservent toujours leur orientation d’origine.


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